Haragas, ces damnés de la mer algériens
Où que vous soyez, bonne année 2013
Quelques coupures de presse algérienne sur ce phénomène de désespoir et de frustration. Aux risques de leurs vies ils sont des centaines d'algériens à tenter cette traversés hasardeuse de la Méditerranée.
D'Est en Ouest , d' Annaba à Ghazaouet, le phénomène de cette immigration clandestine est devenu tout simplement un mal quotidien pour beaucoup de jeunes algériens, ignorés hélas par les tuteurs de ce pays.
(El Watan 27/11/2012)
Ils ont été interceptés et arrêtés, en début de la matinée de vendredi, par les éléments des garde-côtes de la façade maritime est de Annaba. Agés de 18 à
25 ans, ces jeunes mis en cause, dont la tête est pleine de rêves, avaient appareillé la veille vers 23h depuis la plage de Seybouse (ex-Joannonville), à destination des côtes
européennes, notamment la botte italienne. Originaires de Annaba et Guelma, les jeunes harraga, qui avaient pris place dans une embarcation de fortune, ont été interceptés à 7 miles au
nord de la plage déserte d’El Batah, relevant de la wilaya d’El Tarf. Vraisemblablement, ces rêveurs infortunés ont parié sur l’absence des unités des garde-côtes, d’autant plus que leur
expédition coïncidait avec la veille de la fête de l’Achoura.
Mais l’étanche dispositif spécial mis en place par le commandement sur les côtes des wilayas de l’Est a mis fin à leur tentative de fuir le pays. Ainsi, les
malheureux harraga ont été arrêtés et reconduits sains et saufs au port de Annaba, où ils ont subi une visite médicale, assurée par le médecin de la Protection civile.
A défaut de l’Italie et ses côtes de rêve, les dix harraga, après avoir été auditionnés et identifiés, ont été transférés penauds vers les cellules de la prison de
Bouzaâroura pour tentative de quitter le pays clandestinement. En dépit de l’entrée en vigueur depuis le 8 mars 2009 de la loi criminalisant l’acte de l’immigration clandestine à une
peine allant jusqu’à 6 mois de prison ferme, les jeunes Algériens continuent toujours à braver le risque de la mer pour fuir leur pays.
Ghazaouet : 15 harraga interceptés au large
El Watan 22/11/2012
Même les conditions météorologiques défavorables à la navigation maritime n’ont pas dissuadé les candidats à l’émigration clandestine à prendre la mer à bord d’une embarcation de fortune pour tenter de gagner les côtes espagnoles.
Encore une fois, les éléments des gardes-côtes, grâce à leur vigilance, ont déjoué le plan de 15 candidats à l’émigration clandestine dont deux Palestiniens qui s’apprêtaient à quitter les eaux territoriales, apprend-on de source locale. Cette interception, qui s’est effectuée à environ 1 mile marin au nord de Honaïne, s’est avérée salutaire pour ces harraga, puisque, au moment de l’intervention, la frêle embarcation tanguait dangereusement de tous les côtés dans une mer démontée, indique notre source. Les aventuriers ont été reconduits au port, sains et saufs et remis entre les mains de la justice.
Je me limite ces deux articles, sinon il se passe pas un jour sans signaler tout ces drames humaies que ce soit dans la presse algérienne ou internationale
Ces racines sont bien sûr la misère dans tout ses etats, sociale, culturelle et sexuelle.
Voici une belle chronique du socio-linguiste Abdenour Abdesselam sur ce sujet.
Le Haraguisme est une forme de contestation sociale
Pour beaucoup de nos jeunes, l’Algérie est devenue une grande “prison”. Face à elle, la rive nord de la Méditerranée constitue alors un objectif social attractif et le désire de tout “prisonnier” c’est de faire le mur de la Méditerranée. Comment est-on arrivé à cela ? Bon nombre de psychologues et de sociologues dressent un sévère diagnostique et font porter la plus grande part de responsabilité à un état déliquescent. Ils avancent une panoplie de raisons et la plupart d’entre elles “commettent” de justifier la fuite. Mais la plus décisive, la plus déterminante, dira-t-on, est l’ambiance sociale affligeante, déroutante et éprouvante, dans laquelle baignent nos jeunes. En effet, d’échec en échec, les institutions étatiques, en charge de former, d’octroyer et d’assurer un avenir, de consolider et d’offrir un cadre de vie approprié, s’essoufflent dans leur mission faute de consistance dans ce qu’elles proposent, mais surtout dans ce qu’elles imposent comme consommation, à l’exemple de l’école qui enseigne un passé dépassé comme un projet d’avenir. Le milieu familial n’est pas en reste de ce processus de marches arrières tandis que la cruauté de la rue achève ce qui reste comme maigre espoir chez nos jeunes. Du temps où le pays était un tout état, clôturé et verrouillé de partout, contrôlant tous les espaces par la grâce de contextes politiques et géopolitiques pseudos favorables des époques où le modèle socialiste était en vogue et aujourd’hui révolu, la population subissait et se résignait. Mais aujourd’hui que les frontières, toutes les frontières même les plus théoriques ont volé en éclats sous l’effet de l’explosion des évolutions technologiques et de la mondialisation, l’état n’est plus le seul agent actif, le seul donneur d’ordre. L’état ne peut plus dicter sa politique au peuple sans contestation et le “haraguisme” en est une forme. Le discours officiel distillé par des marchands de rêves ne mobilise plus et les brefs moments d’enthousiasme de circonstance que peut susciter l’éphémère scintillement d’une visite officielle n’ont aucun prolongement réel dans les faits. Le peuple voit, découvre, observe et écoute. Il sait qu’en d’autres cieux il y a d’autres modes de vie et d’autres modes du vivre. Ailleurs, les gens s’instruisent utilement et efficacement. Ils choisissent leurs diverses consommations et sont en harmonie avec l’évolution des choses. Ce ne sont guère des vitrines trompeuses qui défilent sous les yeux de notre jeunesse. Elles sont de véritables et fascinants éventaires rêvés et quêtés. Alors, à force et à bout d’inventer des substituts et des palliatifs peu sûrs, nos jeunes finissent hélas par n’entrevoir comme ultime solution que la fuite, fut-ce-t-elle sur une embarcation de fortune. Le risque d’un péril n’est même pas considéré tellement l’urgence de fuir est plus grande. La réaction la plus significative du désarroi et de la perte de confiance de notre jeunesse est dans cette réplique d’un jeune haraga qui dit préférer être dévoré par les requins (lhout) plutôt que par les bestioles (eddoud). (paru dans Liberté )
Pour peu d'entre eux, une fois là bas:
ESPAGNE :2 harraga algériens sauvagement agressés par des policiers

- Dans un rapport de l'Union Européen les algériens représente la 3ème nationalité clandestine aux frontières de l'Europe.
- Ils sont presque 4000 à avoir l'ordre de quitter le territoire grec au premier semestre 2012. (http://www.frontex.europa.eu)
- En Roumanie la presse rapporte qu'en avril dernier que plus de 130 algériens s'entassent dans le centre fermé de détention de Otto Beni.
- En Italie la police découvre en aout 2012 le cadavre d'un clandestin algérien dans une habitation désafectée dans la région de Vitoria en Sicile
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Sarajevo, 04. 07. 2012.
The group of 40 illegal migrants had been deported today to Republic of Serbia , escorted by the officers of the Service for Foreigners' Affairs.
They are citizens from Afghanistan, Somalia and Algeria, and they had been detected last month in woods near by Banja Luka -
Bulgarian Border Police arrested 41 people for illegal crossing the border into the country between 8am on October 20 2012 and the same time on October 21,
the Interior Ministry said.
Twelve of those detained were Palestinians, seven were from Algeria, seven from Syria, six from Iran, four from Mali, two from Libya and one each from Tunis, Eritrea and the Democratic Republic of the Congo, the ministry said.Those taken into custody included 36 men, three women and two children.
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En Belgique et exactement à la gare du Midi, un autre scandale sur la situation de ces clandestins algériens eclate en 2009, le quotidien belge " La
Dernière Heure" relate que des algeriens ont été torturés par la police belge
Des récits qui jettent l'effroi et l'opprobre sur une partie de la police
BRUXELLES Un racket était organisé à la gare du Midi par des policiers fédéraux. Ce racket, qui s'est accompagné de violences graves, visait spécifiquement des Algériens en séjour illégal. La pratique consistait à laisser les pickpockets algériens commettre un maximum de vols à la tire et, pour les policiers ripoux, à récupérer en soirée ce qui avait été volé en journée aux usagers, dans la gare et aux abords immédiats de celle-ci.
Votre quotidien La Dernière Heure-Les Sports a pu se procurer le récit d'une ratonnade d'un Algérien que des policiers fédéraux avaient réussi à isoler en pleine nuit dans leur garage de la rue Couverte, 1, sous les voies de la gare du Midi. Ce qui est décrit porte un nom : ce sont des tortures. Selon ce récit, il est invraisemblable que l'officier de garde n'ait pas entendu les cris. Cet officier, lui, n'a pas été inquiété.
De nouvelles révélations (les premières dans La DH/Les Sports du 5 juin) sur ce dossier à l'instruction chez la juge, Mme Geneviève Tassin. Selon le 1er substitut Colpin, du parquet de Bruxelles, l'affaire implique 9 policiers fédéraux dont deux femmes, mais pas de gradés.
"Ils avaient attendu que notre chef, la commissaire S., soit rentrée chez elle. Cette fois-là, il était minuit et demi. C'était encore un Algérien sans papiers qu'ils avaient ramassé dans la gare. Environ 30 ans, bien connu pour vol à la tire.
"Après lui avoir tout confisqué et s'être partagé entre eux ce qu'il avait volé dans la journée, GSM, portefeuilles, etc, ils l'ont emmené dans le garage. Il fait sombre et sale. L'endroit est complètement isolé. Le gars savait qu'il ne pouvait compter sur personne. Il était menotté dans le dos et les policiers étaient à 4 dont Frédéric D. et Philippe M. qui avait été infirmier avant d'entrer à la police. Ils ont fait courir l'Algérien dans le garage, lui disant d'aller plus vite et l'insultant. "T'es qu'une merde. T'es même pas un chien."
"L'Algérien recevait des coups. C'étaient des coups qui font mal. Des coups de bottines, de combat shoes, qui visaient la colonne vertébrale, au milieu, plus haut que les poignets menottés.
"L'Algérien hurlait. Pas des cris : des hurlements. C'était terrible. L'officier de garde, le commissaire K., se trouvait au Rapid 100 (dispatching de garde situé juste au bout du couloir venant du garage). Il ne pouvait pas ne pas entendre. Je suis formel. Il n'est pas intervenu. L'Algérien avait le visage en sang. Du sang coulait du nez et de l'arcade sourcilière."
"C'étaient des coups à casser la colonne, à briser des vertèbres. Et c'était chacun à tour de rôle. Ils l'ont plaqué au mur et frappé dans le ventre à coups de poing. C'était un jeu pour eux. [...] L'Algérien était toujours menotté.
"Ils l'ont fait tomber à terre. Et ça a continué. Ils le traitaient d'"animal", de "fils de p.", rien de raciste par contre. L'Algérien était sur le ventre. Il y en a un qui a sauté à pieds joints sur la colonne. L'Algérien a perdu connaissance.Alors ils l'ont démenotté.
"Pour le ranimer, ils l'ont pris par les pieds et l'ont suspendu tête en bas. Ils rigolaient. En fait depuis le début ils rigolaient et se moquaient. L'Algérien a rouvert les yeux. Ils lui ont dit de déguerpir. Ils l'ont sorti par l'entrée des véhicules. Je sais qu'on lui avait aussi cassé les dents.Il n'y a aucune trace (dans les P.-V.). On se sentait mal dans la peau de travailler avec des collègues comme ça. On a voulu dénoncer. Ceux qui l'ont fait à l'Inspection générale ont pris des risques. Ils ont été menacés en interne : il ne fallait pas que ça sorte. Deux véhicules (de policiers dénonciateurs) ont été cassés. On n'a rien jamais pu prouver."
L'instruction du parquet porte aussi sur 8 autres faits.(DH)